Du post punk minimaliste électro anglais à la soul new-yorkaise, en passant par le RnB funky soul et des reprises aux sonorités berbères. Tout un programme.
Sleaford Mods cristallise dans sa musique toute la frustration de la classe ouvrière anglaise. Le duo de Nottingham peint un tableau musical où les couleurs sont remplacées par le sang, la sueur et la bière du quotidien gris du sous prolétariat du pays du thé. Au micro, Jason Williamson maltraite la langue de Shakespeare (il a par ailleurs publié un recueil de ses textes intitulé «Grammar Wanker» (littéralement «branleur de grammaire»)), soutenu par les rythmes électroniques d'Andrew Fearn. A eux deux ils sont les porte-paroles de toute une partie de la population qui vomit la société de consommation entre les toilettes du pub et l'agence pour l'emploi. «All that glue» («Toute cette colle» dans la langue de Molière) est composé d'inédits et de faces B du groupe qui nous offre un petit aperçu de ce qu'est la rage made in Britain.
«Make the road by walking» du Menahan Street Band explore toutes les possibilités de la musique soul enrichie de funk, de jazz, de groove. Tom Brenneck, créateur du groupe, réuni sur ce disque toute la crème de la scène afro-soul de Brooklyn (Sharon Jones & The Dap-Kings, The Budos Band, Antibalas, section cuivre d'Amy Winehouse, El Michels Affairs). 11 titres composent cet album prenant, dont beaucoup ont été échantillonné par 50 cents, Kid Cudy ou bien encore Jay-Z. Un coup de cœur pour le morceau «Going the distance» qui ravira les supporteurs d'un certain boxeur de Philadelphie.
«Cuz I love you» est le troisième album de Lizzo. Melissa Viviane Jefferson de sa véritable identité ravira les amateurs de hip-hop autant que ceux de soul. Un disque moderne, aux textes crus, féministes, drôles, qui tranche avec ceux des artistes du même genre autant par le son que par la pochette. Lizzo est un ovni musical qui donne un coup de fouet au genre.
Décédé le 2 mai 2020, Idir nous livrait en 2017 son dernier album «Ici et ailleurs». 13 titres dans lesquels le chanteur kabyle s'associait à, entre autres, Francis Cabrel, Charles Aznavour, Bernard Lavilliers ou Grand Corps Malade pour des reprises bilingues avec une réorchestration orientale qui donne une nouvelle dimension à ces classiques de la chanson française. Parti à 74 ans, nous espérons que l'auteur de «A Vava Inouva» se trouve dans un Ailleurs meilleur qu'Ici.