Dans le dessin et la peinture, la trace de l’outil invite à suivre les tours et les détours de la forme, qu’elle soit ligne, point ou surface pour reprendre les mots de Kandinsky dans son livre « Point et ligne sur plan » publié en 1926. La trace dessine l’orée entre la réalité sensible, celle qui se donne à voir, et la réalité symbolique, celle qui se donne à imaginer.
Cette exposition présente les quatre axes d'inspirations de l'artiste plasticienne Josée Tourrette.
A découvrir absolument !
Vernissage de l'exposition : mardi 14 février à 18h30
PAR QUATRE CHEMINS
Il est fréquent d'entendre « on ne va pas y aller par 4 chemins ». Cela traduit bien souvent une prise de décision abrupte, urgente, soit parce qu'on a trop tergiversé et qu'il est temps d'agir, soit au contraire parce qu'on veut faire l'économie du temps de la réflexion. A l'inverse, ne pas savoir où l'on va, flâner, errer, déambuler, paraissent totalement désuets et improductifs en ces temps où le réactif l'emporte sur le réflexif. La lenteur est suspecte et n'attire pas la sympathie « Passe ton chemin ! ».
On dit volontiers que tous les chemins mènent à Rome, comme si le choix du trajet était anecdotique, superflu. En quelque sorte le but à atteindre serait inscrit dans les jambes du marcheur. Pourtant Brassens nous a averti : non, tous « les chemins ne mènent pas à Rome ». De même le philosophe Heidegger dans « les chemins qui ne mènent nulle part » déplore que notre civilisation n'ait jamais réussi à rien dire de la vérité de l'être.
Il a fallu une certaine audace à Josée TOURRETTE pour vous inviter à parcourir avec elle 4 chemins pour rêver à travers ses œuvres. Le rêve disait BACHELARD « chemine linéairement, oubliant son chemin en courant ». Les Chemins de Josée Tourrette ne sont pas des GR, ils ne sont pas de grandes randonnées. Ce sont des chemins d'école buissonnière, avec un plaisant arrière-goût. Ainsi on se cache dans ses chemins, on s'arrête ou repart, à volonté, au rythme d'un temps capricieux. Pas de but à atteindre, juste le plaisir d'être là, sans obligation ni contrôle. Le plaisir de butiner, de ralentir ou d'accélérer, de courir ou de flemmarder.
Par 4 chemins particuliers Josée TOURRETTE nous invite à nous débarrasser pour un temps de nos représentations familières, pour, s'adressant à notre imaginaire, nous permettre de nous arrêter un instant pour saisir le sens de l'œuvre et non une quelconque signification cachée. Fuir les préjugés, éviter le piège du « ça ressemble à... » « ça me fait penser à... ». S'essayer en quelque sorte à une lecture émotive neutre. Ainsi à la croisée des 4 chemins qui participent de la même énergie créatrice, l'artiste accompagne le spectateur dans un voyage où, randonneur onirique, il bâtit son propre itinéraire.
Bernard Tourrette